Pour Krash2, artiste touche- à-tout, l’inspiration n’a pas de limites. L’exposition Street-Therapy lui offre un nouveau lieu d’expression.
Krash2 vient principalement du skate et du graff. Touche-à-tout, il s’ essaye à la musique, la vidéo… Mais finalement se considère plus comme « un street-artist/graphiste/styliste avec beaucoup (trop) de passions ». Papiers, murs, toiles, vêtements, jouets, affiches, stickers, ordinateurs, que cela soit un objet récupéré dans un terrain abandonné ou un corps humain, du plus brut au plus délicat, chaque support est intéressant pour l’artiste avec ses possibilités et ses contraintes. Sur ses toiles, le mélange de matières s’ajoute à la peinture en bombe et aux feutres. Un contraste entre éléments naturels et urbains, formes droites et arrondies, précis et hasard, entre éléments opposés qui s’équilibrent. A la frontière du graffiti et du graphisme, Krash2 va au-delà du simple travail de lettre du graffiti basique, en ajoutant un fond, des formes, un personnage. Le lettrage devient dès lors accessoire voire même inexistant.
Vos travaux témoignent d’une touche glamour et citadine, parfois très figurative au-delà du graff. Où puisez-vous votre inspiration ?
Je n’ai pas vraiment de limite dans les inspirations. Beaucoup de choses m’intéressent. Même dans ce qui me touche moins, il y a toujours des couleurs, une technique ou quelque chose que je pourrais ré-interpréter a ma manière. Mais on peut dire que mes bases principales sont les arts asiatiques, la nature, la musique (clips, pochettes …) Donc oui, mon inspiration se situe au-delà du graffiti. C’est un mélange de ce que je vois ou imagine pour créer quelque chose de « joli ». Il y a déja assez de limites concernant les supports ou les techniques mais pour l’inspiration la seul limite c’est le cerveau.
Que vous a apporté la culture graffiti ?
Le graffiti, c’est une des facettes de l’Art en général, ça m’a apporté beaucoup de choses, déjà une évolution en typographie et puis par exemple dans le graff on s’inspire de tout, on « sample », on réinterprète les classiques d’autres cultures, on s’organise pour faire des projets en groupe, rencontrer d’autres personnes etc. Les bases des disciplines hip-hop en fait. mais ce n’est qu’une des sources pour moi, j’ai aussi beaucoup appris d’autres mouvements, d’autres metiers…
Vous avez créé votre propre marque de street-wear G*Köncept… Un prolongement logique de votre activité d’artiste ?
Bien sur ! c’est toujours la même chose, dessiner en se faisant plaisir sur tout types de supports avec tout types d’influences et de styles. Avec le vêtement, le support permet de mélanger les techniques et même de décider de la coupe et de la matière. Et puis c’est un des objets du quotidien le plus universel. Comme pour n’importe quelle oeuvre d’art, je veille a la qualité, certaines finitions sont même faites a la main et tous les modèles sont des séries limitées numérotées. Ce projet m’a permis d’approfondir un univers complet autour des vêtements (visuels, étiquettes, packaging, catalogue, vidéos, concept-stores, évènements, site internet…) Ceci afin de continuer à mettre en place des idées. Voir ses dessins s’animer, prendre du volume, tout cela est un prolongement logique de mon activité de base qui est de gribouiller partout.
Le lien entre le graff et la mode aujourd’hui est-il plus fort selon-vous ?
Dans un sens oui. Aujourd’hui j’ai plutôt l’impression que c’est la mode qui s’inspire du graff/street art que l’inverse. N’importe quelle marque aujourd’hui recycle du graffiti, au minimum dans les catalogues, quand ils ne pillent pas directement les artistes en reprenant leurs œuvres. Tous l’ont fait, des sous-marques de supermarchés jusqu’aux enseignes les plus luxueuses. Il n’y a parfois qu’une fine limite entre authenticité et marketing. Ce qui est aussi très gênant, c’est le manque d’estime du grand public qui arrive à accepter les versions factices et refuse de connaitre les réelles sources. La mode s’inspire de la rue depuis bien longtemps, ce n’est pas un problème mais ce qui est dommage pour ces « contre-cultures » c’est qu’elles se retrouvent souvent dénaturées et/ou remplies de clichés avant d’être oubliées tout ça juste parce que ça fait bien d’avoir une image rebelle. Depuis Coco Chanel rien n’a changé : « La mode se démode, le style jamais. »