Les joyeux vertiges de la ville

Dans cette série réalisée au pastel et au feutre, Patrick Mamou porte attention aux accidents d’une scène. Celle de la vie des villes où la conduite se confronte à la téléphonie, aux femmes, à l’alcool… Au choc et à l’imprévu.

Les œuvres sont à dominante figurative mais s’attachent ici au geste plus qu’au précis. Ce joyeux déséquilibre est dense et à lectures multiples. Il met en lumière une réalité et une fiction qui s’entrechoquent par différents niveaux de récits. Chaque élément est saisi dans une situation, un lieu non identifié, hors du temps. Au carrefour du réel et de l’imaginaire, où la vie flirte avec la désuétude, son trait plein de vivacité entremêle sans hiérarchie ce qui se joue et ce qui pourrait se jouer. Ces incisions temporelles et de territoire élargissent l’interprétation.

Les vertiges de la ville se métamorphosent avec singularité sous le regard central et prédominant de personnages aussi amusés qu’enivrés. Certaines figures totémiques se transforment en têtes de poissons, prêtes à être harponnées par le pêcheur de tous les péchés.

Les buildings se confondent avec les bouteilles. Cette architecture aux échelles graduées n’est pas sans évoquer le temps qui défile. Dans cette tension constante, habitée et passionnée, où tout peut arriver ou tout est déjà arrivé, l’artiste célèbre l’instant, sans modération.