Pour sa dernière exposition « Double Je » à la galerie Michèle Broutta, Iris Fossier nous dévoile les secrets de son univers amusé, d’une identité en dualité.

iris et mara, dessin gravé, 78 x 64 cm

« Pour mes dessins gravés, je travaille avec des portraits de ma sœur jumelle Mara, répétés deux fois. J’évide et retravaille graphiquement le visage. Ensuite, je travaille sur des grands formats avec des longueurs variables de 250, 160, 90 ou 60 cm avec une hauteur toujours identique de 160 cm qui correspond à la ligne d’horizon du regard. Je mesure 1m70 et ce format correspond à ma ligne de vision.

Mon grand dada c’est le grand Codex de la tapisserie de Bayeux où tout s’aligne. J’ai le désir de faire une œuvre où les toiles assemblées racontent une histoire. C’est aussi pour cela que je garde systématiquement cette unité de 160 cm en hauteur.

J’habite à côté de Fontainebleau, cette série a commencé après des promenades en forêt. Ma première préoccupation a été de traduire l’écorce des arbres. J’ai essayé plusieurs techniques et c’est le papier mâché que j’ai élu. Il rend l’écorce de l’arbre presque réel.

Avec les troncs d’arbre, j’installe ma verticalité dans l’espace. J’aime aussi avoir une verticale plus souple avec la présence d’un cactus. J’habille ensuite l’espace à partir de ces éléments. Le cheval (élément récurrent comme dans la tapisserie de Bayeux), une boussole, le repère spatial qui indique le nord et le sud sur ma toile…  J’utilise le crayon, l’encre, la gouache et le collage. Mis bout à bout, mes tableaux se suivent. Un tableau en amène un autre, un peu comme une pièce de puzzle. J’aime l’idée de la présence du jeu sur mes toiles. Jouer aux cowboys et aux Indiens, jouer à la dualité. Je travaille avec l’autoportrait, c’est un « moi » asexué, ni féminin, ni masculin. C’est un visage identique que je répète toujours avec le même angle de vue et des personnages qui regardent le spectateur.

Tagada BoomBOUM, technique mixte, sur papier sur toile, 160 x 250 cm

Je travaille sur une toile mi lin, mi coton suffisamment claire dont on voit bien la maille. Sur ce support, je maroufle un papier de calligraphie ou de riz, généralement chinois ou japonais. Avant d’installer mes éléments dans l’espace, je grise ma toile. Je ne travaille pas à partir du vide mais avec un certain relief et sa lumière.

Je redéfinis toujours le cadre. Mes tableaux se structurent sur le flan gauche, en haut et à droite. La partie d’assise est toujours différente, c’est un mouvement que je souhaite donner de façon aléatoire.

Une autre série associe par le collage des poules et des coqs. Je mélange les races et les sexes pour aboutir à des poules transsexuelles. Ma prochaine étape sera des portraits avec des poules.  J’ai toujours travaillé avec l’oiseau. »

« dessin dix-huit », dessin gravé, 40 x 50 cm

 Iris Fossier
« Double Je »
Du 30 janvier au 23 mars 2013
Galerie Michèle Broutta
31 rue des bergers
75015 Paris